Un phénomène en forte progression
L’Observatoire de la sécurité des médecins, en collaboration avec Ipsos, recense chaque année les agressions signalées par les médecins auprès du Conseil national de l’Ordre des médecins.
Depuis 20 ans, le nombre d’incidents a triplé, passant de 439 agressions annuelles en 2004 à 1 581 en 2023.
Il convient de souligner que ces chiffres reposent uniquement sur les déclarations volontaires des professionnels. De nombreux médecins choisissent de ne pas signaler ces agressions, par crainte de représailles ou par manque de temps. Il est donc probable que l’ampleur réelle du phénomène soit encore plus importante que ne le laissent paraître les statistiques officielles.
Le profil des victimes et la nature des violences
Les agressions concernent prioritairement :
- Les médecins généralistes (60 % des victimes), contre 40 % d’autres spécialités.
- Les femmes médecins (56 % des cas), contre 44 % d’hommes.
- Les professionnels exerçant en milieu urbain (54 %).
Les médecins travaillant sur des plateaux techniques lourds représentent environ 5 % des professionnels agressés.
La majorité des actes recensés relèvent de :
- Agressions verbales et menaces (70 % des cas).
- Une baisse des tentatives de vol a été constatée.
- En revanche, les falsifications d’ordonnance sont en augmentation.
Selon le ministre de la Santé Yannick Neuder :
« Chaque jour, dans notre pays, 65 professionnels de santé sont agressés. Ce chiffre est vertigineux. »
Yannick Neuder, ministre de la Santé
De nouvelles mesures législatives face aux violences
Pour répondre à cette situation préoccupante, la proposition de loi déposée par le député Horizons Philippe Pradal a été adoptée par l’Assemblée nationale en mars 2024, puis par le Sénat le 13 mai 2025.
Ce texte prévoit notamment :
- Un renforcement des sanctions pénales en cas de violences commises contre les professionnels de santé (soignants et personnels non médicaux), avec des peines pouvant aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende dans certains cas.
- Un dispositif simplifié de dépôt de plainte, permettant à l’employeur d’un soignant agressé de déposer plainte en son nom.
Ces mesures visent à affirmer une politique de « tolérance zéro » face aux agressions et à mieux protéger l’ensemble des professionnels de santé.
Rédigé par le Dr Henri Cuche – Médecin anesthésiste-réanimateur à la clinique Saint-Charles et Mme Audrey Chavas – Déléguée générale Fondation FondaPro et ASSPRO
Publié le 02.07.2025.